vendredi 30 mai 2014

L'heure du bilan. Sortez les mouchoirs, préparez-vous à un article tout dans l'émotion.

Là, tout de suite j'aimerais bien vous dire comment je me sens, le problème c'est que moi-même je ne suis pas sûre de le savoir
Je ne réalise pas vraiment que c'est la fin, et pourtant j'ai le coeur qui bat comme quand je suis stressée.
C'est bizarre... vraiment bizarre. C'est bizarre de se dire qu'on ne va plus revoir certaines personnes - même si moi j'ai la chance de revenir et que je ne serai pas toute seule - c'est bizarre de se dire que cette première année d'assistanat est clôturée mais de ne pas ressentir la tristesse. Non pas que j'ai un coeur de pierre, hein, et que ça ne me fait rien car j'ai souvent été très triste pendant cette année rien que de savoir qu'il y allait y avoir un moment où j'aurais à partir.
Heureusement que je reviens.

Bref, pour faire son bilan je pense que c'est bien de se rappeler quelles étaient ses attentes avant de partir.

Pour moi c'est simple : avant le départ c'était terrible... à mort. Allez jeter un coup d'oeil à mon premier article si jamais vous ne me croyez pas.
Toutes les personnes qui ont partagé mon expérience m'ont toutes dit la même chose : "j'attendais beaucoup de cette année d'assistanat, pour moi c'est un rêve qui se réalise, depuis tout petit je rêve de venir vivre en Angleterre". Moi ce n'était PAS DU TOUT le cas. Ca n'a jamais été un rêve de vivre à l'étranger, bien au contraire. Dès que j'ai compris que pour être prof d'anglais, je devais aller vivre à l'étranger c'est tout de suite devenu une crainte qui m'a suivie pendant des années. Je ne voulais pas partir, laisser derrière moi mes proches, ma ville, mon chat, ma vie en somme. Je l'ai fait parce qu'il fallait que je le fasse. J'ai fait les procédures à contre-coeur, et quand j'ai reçu la confirmation que j'allais partir ça n'a pas été une explosion de joie. Non pas que je n'étais pas heureuse : ça m'aurait foutu un sacré coup au moral de ne pas avoir été prise (sacré coup au niveau de ma confiance en moi qui est déjà assez bas, et puis comment j'aurais fait ? De toute façon il fallait que je parte).
Pendant tout l'été avant le départ, j'ai toujours repoussé le moment où il fallait que je m'intéresse enfin à ce voyage. Pendant tout l'été, je me disais "ne pense pas à Octobre, ça sert à rien de stresser maintenant", du coup j'ai procrastiné jusqu'à être complètement dans le rush deux semaines avant mon départ.
J'ai eu un blues phénoménal au moment de partir, accentué par le fait que tout le monde disait - à raison, hein - qu'il fallait un moment pour s'adapter, que c'était normal d'avoir le moral au ras des pâquerettes les premiers jours voire premières semaines... Alors quand déjà tu ne te sens pas bien à l'idée de partir et qu'en plus on te dit que ça ne s'arrangera pas de sitôt, voire que ce sera pire... pas top.

Et puis finalement il a bien fallu que je parte.

Après quatre heures de ferry, je suis arrivée en Angleterre. Il y avait Bérengère qui m'attendait (qui est prof de français dans mon école) et elle m'a emmenée chez Lisa, qui m'a hébergée toute l'année et qui a accepté de m'héberger aussi l'année prochaine.
Et puis en fait j'ai oublié toute la tristesse que j'avais en moi. Déjà j'ai visité la maison que j'adorais - que j'adore toujours d'ailleurs. Et puis j'étais un peu fascinée par le pays et un peu avide d'en savoir plus sur le mode de vie, et en quoi il était différent du mien. Je vous renvoie aux premiers articles pour savoir mes premières impressions sur tout.

J'avais aussi beaucoup d'angoisses quant au travail que j'allais faire. C'était pas un job à prendre à la légère parce que d'une j'allais l'exercer pendant huit mois, et de deux c'était décisif quant à savoir si je suis bien faite pour être prof. Je me posais un milliard de questions comme : 
- Et si les élèves ne m'aimaient pas ?
- Et si mes collègues ne m'aimaient pas et que je n'arrivais pas à m'intégrer ?
- Et si je n'arrivais pas à me faire respecter ?
- Et si j'étais complètement nulle ?
- Et si jamais je me rendais malade chaque matin rien qu'à l'idée d'aller au travail ?
- etc.

Et puis finalement je me suis rendue compte qu'il n'y avait pas de quoi fouetter un chat (pardon mais je me rends compte à quel point cette expression est nulle ! De toute manière je n'allais pas fouetter un chat parce que ça se passait mal dans mon travail... Ca c'est encore une expression de psychopathe - ou de zoophile sado-maso, à voir).
Finalement j'ai bien aimé mes élèves, et ils ont eu l'air de bien m'aimer aussi. Bien sûr quelques exceptions, mais bon... rien pour me miner le moral. Dans l'ensemble ça s'est plutôt bien passé (je touche du bois pour l'année prochaine...), j'ai appris à connaître mes élèves, et ils ont appris à me connaître aussi. Je ne cache pas qu'au début j'étais un peu blasée par ce p***** de taux d'absentéisme. Certains élèves séchaient, mais d'autres oubliaient tout bonnement de venir. Finalement ça s'est arrangé. Certains se sont rendus compte qu'ils n'étaient pas faits pour le français, d'autres qui oubliaient n'ont plus loupé une seule leçon, d'autres ont continué à sécher, mais pas seulement mes leçons, toutes les autres aussi.
Finalement au fil des mois je me suis rendue compte que prof c'était un métier horrible, mais que c'est ce que je voulais faire. Je me sentais vraiment contente quand je voyais que j'étais utile à certains élèves. En fait, c'est juste cool d'enseigner, de transmettre ton savoir à d'autres gens. C'est vraiment épanouissant. En un mot j'ai juste adoré mon job.

Et puis ma grande crainte aussi avant de partir c'était de ne pas réussir à me faire des amis. Là encore j'ai été rassurée, j'ai rencontré des personnes top, qui valent la peine d'être connues. Ca n'a pas été tout rose, mais que voulez-vous, dans la vie on trébuche, on a des déceptions mais on se relève et ça nous aide à distinguer ce qui est important de ce qui ne l'est pas, ce qui vaut la peine qu'on s'accroche de ce qui n'en vaut pas la peine. Comme on dit : ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts. Ca a l'air cliché comme ça mais Mon Dieu que c'est vrai...

Ah oui et puis il ne faut pas que j'oublie de dire que j'ai l'impression d'avoir carrément grandi ici. Alors non, je vous rassure, je ne vais pas arrêter d'aimer les Danettes avec les billes en chocolat dedans ni d'être émerveillée comme une gamine devant la baguette magique que j'ai ramenée des Studios Harry Potter. C'est juste que je sens que j'ai évolué (là encore je touche du bois pour l'année prochaine). J'ai pris un peu plus confiance en moi, même si je ne suis toujours pas l'exemple à suivre sur ce plan-là. J'ai appris à être indépendante et du coup à savoir ce qu'étaient vraiment mes centres d'intérêt. J'ai pas mal vécu pour moi-même cette année plutôt que pour les autres, je me suis fait plaisir et je ne regrette rien.
Bref, je pense que j'avais vraiment besoin de prendre de la distance sur ma vie en France pour me recentrer et savoir quelles sont mes vraies priorités dans la vie.
Et puis ça fait du bien aussi d'être loin pour se rappeler à quel point on aime ce qu'on quitte.

Bref, si je devais dire une dernière phrase après cette séquence émotion, je dirais que de cette expérience je ne retiens que du positif (je touche du bois encore une fois).

Et je vous laisse sur une chanson qui m'évoque pas mal de souvenirs, et on se retrouve dans quelques mois pour une nouvelle aventure ! (Sauf si je trouve quelque chose à vous dire entre temps, ou si j'apprends que je ne peux plus partir, ou si je meurs mangée par un loup affamé).



1 commentaire:

  1. Je confirme que c'est pas évident d'être loin ! Mais au moins, on est hyper content de les retrouver et on se rend compte que sans eux ce n'est PAS possible !

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